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Faire ses courses !

De jour en jour, ou plutôt de semaine en semaine, puisque c’est notre rythme de courses, les aménagements au supermarché augmentent. Je suis assez admirative de toutes ces capacités d’adaptation mises en œuvre au fur et à mesure, autour de ce nouvel objectif : la « safety », la sécurité sanitaire. Pouvoir faire ses courses sans risquer d’être contaminé par un virus, il y a encore quelques semaines, ça ne traversait l’esprit de personne, mais maintenant tout le monde ne pense qu’à ça ! Admirative et perplexe, car on a parfois l’impression d’être non seulement dans un nouveau pays, mais carrément sur une nouvelle planète, où le leitmotiv du quotidien est devenu « éviter la contamination »…

Aujourd’hui, dans notre supermarché habituel, à côté de la porte d’entrée, il y a des distributeurs de lingettes à l’extérieur et un grand  distributeur de gel hydroalcoolique à l’intérieur. Les vigiles à l’entrée ont été doublés, et forment maintenant un binôme du genre « vigile musclé – caissière souriante », complémentaire, efficace et sympathique.

Un circuit de circulation est instauré, pour que les gens n’aient pas à se croiser, ce qui ne peut pas se faire dans le respect des règles de distance. Il y a donc une porte pour entrer et une pour sortir. Les chariots et paniers aussi sont organisés en deux tas : un tas « propre » et un tas « utilisé ». Quand on a fini ses courses, on ne remet pas son chariot ou son panier n’importe où. Et un employé du magasin désinfecte chariots et paniers avant de les remettre dans le tas de « propre ».

La liste des produits limités s’allonge : elle fait maintenant une pleine page A4. Pour tous ces produits, on ne peut en acheter que un ou deux. Et la limite se fait de toute façon au niveau de l’ordinateur des caisses : si on prend trois unités d’un produit limité à deux, ça se bloque au troisième, ça ne passe pas, tout simplement.

Les rayons sont bien garnis, maintenant, même si ça n’a pas encore tout à fait l’air “normal”. Il y a même trois sortes de pâtes et trois sortes de riz. Par contre, au rayon farine, celle disponible aujourd’hui, c’est « self-raising blanche » … et bien, cette semaine, on va cuisiner avec ça ! A part les scones, je ne sais pas trop quoi cuisiner avec cette farine-là … mais je suis sure qu’on va trouver !  

L’ouverture des caisses est très souple : un des employés surveille, et, dès qu’il y a plus de deux personnes qui font la queue (bien sûr, chacun bien placé sur sa pastille au sol, à la bonne distance du voisin), il ouvre une caisse supplémentaire. Les caissier(e)s s’interrompent régulièrement, pour nettoyer et désinfecter le tapis.

Les caissières ne mettent plus les produits dans les sacs, mais les clients doivent le faire eux-mêmes. C’est totalement nouveau dans ce pays ! Et ça a donné lieu ce matin à un échange très sympa avec la caissière, qui me regardait remplir mes sacs, et qui me dit « oh, vous êtes vraiment efficace et rapide, pour remplir les sacs ; d’habitude, les clients ne sont pas si rapides ! ». Et moi, je lui dis tout naturellement que c’est comme ça qu’on fait dans « mon pays », et que en fait, je n’ai pas l’habitude que quelqu’un le fasse pour moi, comme c’est le cas en Australie … Et elle, tout étonnée qu’il y ait des pays où ça se passe autrement que chez elle, me demande « ah bon ? Mais vous venez de quel pays ? » … et elle est restée très surprise de ma réponse !! Pour elle, c’est tellement un service appréciable, d’emballer les courses de quelqu’un, qu’elle n’imagine pas que dans un pays civilisé comme la France, on puisse vivre sans ce « service », cette « valeur ajoutée » …

La plupart des gens ont des masques ; c’est bien, c’est rassurant quant à la prise de conscience et le risque de transmission. Mais aussi, la plupart des gens ne regardent même plus les autres en les croisant … Petit à petit, il y a une distance qui s’installe entre les personnes, et pas seulement une distance physique, mais une distance « humaine », en quelque sorte. Le petit geste de tête, le sourire, le salut, la petite phrase échangée, tout cela a disparu … Je m’interroge et je m’inquiète : que vont devenir les rapports humains ?… Et je veux rester résolument optimiste : quand tout ça sera terminé, les gens seront tellement contents, qu’ils se salueront et se parleront encore plus qu’avant !!