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Mardi, mercredi: après les feux

De Narooma à Lakes Entrance, sur près de 500 km on traverse la zone qui a brûlé l’été dernier. Les paysages restent souvent beaux, de loin on ne se rend pas toujours compte de ce qui a brûlé, et c’est par zones et par tâches. Le revers de la colline au dessus du shed est detruit, mais pas les pentes vers l’estuaire ( ni le shed lui même). Souvent les prés autour des fermes ont été sauvés par les pompiers, et l’herbe y a de toutes façons repoussé.

Côté grillé…
100 m plus bas

Par endroit, c’est sinistre, surtout quand il fait un peu gris, comme mardi après-midi à Boyd tower (d’où on peut, nous avait on assuré, voir les baleines… Tu parles).

Mais le plus souvent, ce qui frappe, c’est ce qui reste (ou redevient) vert. C’est que cette forêt est faite pour brûler, les plantes y sont adaptées. Ces feux, certes, étaient parmi les pires de la (courte) histoire australienne, mais à part leur ampleur ils n’ont rien d’anormal… Il y en a eu des comme ça tout les 10 ou 20 ans. Et dès la prochaine saison humide, c’est à dire maintenant, le sous bois repart, les herbes verdissent, les fougères sortent leurs feuilles et les eucalyptus, étrangement, semblent couverts de lierre… Mais ce sont bien leurs feuilles qui couvrent les troncs encore noirs !

Et les villes ? Eh bien, elles repoussent aussi, et les habitants aussi sont adaptés. Ils nous racontent comment ils ont dormi une semaine dans leur voiture sur le port du village, sans savoir si leur maison existait encore. Les bâtiments detruits sont reconstruits, et il n’y a pas si longtemps encore, les melbourniens allaient délibérément passer le weekend au Gippsland pour aider l’économie des collectivités locales. Dans les villages, on voit des arbres roussis et des buissons brûlés, et aussi quelques sentiers fermés et des pontons detruits, mais pas tellement de maisons endommagées : ont-elles déjà été reconstruites ? Pas impossible, vue la qualité de la construction, plaques de contreplaqué sur ossature de bois…

Sur la plage de Mallacoota, c’est dur d’imaginer qu’il y a seulement quelques mois, dans leur bourgade au bout de la plus lointaine côte du Vic, séparés du reste du monde par 300 km de forêt en feu, les habitants s’étaient réfugiés sur la plage pour échapper à l’incendie, et avaient été évacué par les hélicoptères de la marine…

“between the devil and the deep blue sea”: la plage de Mallacoota, “place of last resort” (c’est le terme officiel utilisé par les pompiers)
Mallacoota, janvier 2020